Voilà un petit conte breton un peu glauque sans cesse rabâché dans le petit coin un peu paumé où je vis. Sa se passe à Ouessant (je sais pas si tous le monde voit où c'est (en gros c'est une île au large du finistère)).
A Ouessant, les habitants avaient du mal à faire pousser quoi que ce soit, il fallait donc que chaque mois un navire parte à Brest pour ravitailler les habitants de l'unique village. Mais un mois, le lendemain du départ du navire, une tempête se leva. Au bout d'un certain temps, alors que personne ne voyait rentrer le bateau et que les habitants mourraient de faim, les doyens de l'île se réunirent. Ils décidèrent qu'il fallait attirer les bateaux qui passaient vers les récifs pour manger les provisions du navire, et, pourquoi pas, les corps des matelots. Une seule personne sur l'île s'y opposa. C'était une jeune fille dont le fiancé, Erwan, était parti à Brest à bord du navire qui ne revenait pas. La jeune fille disait qu'elle était persuadée qu'Erwan était vivant et qu'il reviendrait. Mais personne ne l'écouta et le soir, tous les villageois se rassemblèrent sur des rochers, une lanterne à la main. Le capitaine d'un bateau qui passait par là crut que c'était un grand feux indiquant que l'on pouvait accoster à cet endroit, et s'y dirigea. Son navire s'écrasa contre les rochers, et il fut presque immédiatement tué.
Ce scénario se répéta pendant plusieurs mois, et à chaque fois la fiancé d'Erwan refusait de manger les cadavres et se nourissait de racines. Les autres villageois, eux, reprenaient du poids et de la santé. Un soir comme les autres, les villageois se rassemblèrent à nouveau sur le rocher et coulèrent un autre navire. Mais au matin, les villageois pris de pitié virent la jeune fille pleurer, assise par terre, et décidèrent de la forcer à venir partager un cadavre avec eux. A leur grande surprise, elle en tenait déjà un et se lamentait dessus, en criant le nom de son fiancé. Ils s'approchèrent un peu plus et découvrir alors que le cadavre en question n'était autre qu'Erwan, et qu'ils avaient gloutonnement dévorés leurs amis et leurs famille qui étaient enfin revenus.